Les coccinelles, toutes carnivores et amies ?

Qui ne connaît pas la fameuse comptine, éloge vibrant à ce coléoptère, reconnaissable entre mille de par sa couleur et sa forme :
"Coccinelle, Demoiselle, Bête à bon Dieu,                     Coccinelle, Demoiselle, vole jusqu'aux cieux ".

Mais qui sait qu'une seule espèce mérite vraiment de porter l'expression "bête à bon Dieu" parmi les plus de 4000 à travers le monde que compte la famille des coccinellidae ? 




Coccinella Septempunctata ou "la coccinelle à sept points".

A sept points ? Ne dit-on pas que l'on devine l'âge d'une coccinelle justement à son nombre de points ? 
Baliverne ! 😊 Les points sur les élytres (ailes durcies devenues inaptes au vol) sont un indice de différentiation d'une espèce à une autre.* Au passage, rappelons que la durée de vie d'une coccinelle est assez courte, seuls certains individus parviennent à vivre plus de deux hivers.

La coccinelle à 7 points est carnivore, c'est-à-dire qu'elle se nourrit quasi-exclusivement de pucerons. Elle pond au plus près de sa source d'alimentation (photo : petits oeufs jaunes sous les feuilles), afin que les larves, sans ailes, puissent se nourrir immédiatement après l’éclosion. Il faut compter entre 8 jours et 3 semaines de stade larvaire avant que la coccinelle ne se nymphose et parvienne à l'âge adulte.

Oeufs de coccinelle à 7 points
Larve de coccinelle à 7 points




Bête à Bon Dieu ?**

Abondante dans les cultures ou les jardins, elle rend de grands services aux jardiniers en éradiquant les colonies de pucerons, à la différence d'autres espèces, comme la coccinelle de Bryone, qui végétarienne, s'attaque aux plantes cultivées de la famille des courges... 

Jeune pousse d'hybiscus envahit par des pucerons.
Au fond, coccinelle à 7 points. 
Et attention aux espèces importées, comme la coccinelle asiatique (entre la coccinelle et le frelon...) : comme sa cousine a sept points, elle consomme des pucerons, mais avec une meilleure efficacité puisqu'elle sort d'hibernation plus tôt. Malheureusement, comme au canada où elle représente dorénavant 60 % de la population des coccinelles, elle tend à supplanter toutes les autres espèces par son côté invasive...

Si vous êtes convaincus comme nous à La Ferme des Têtes de Mules, du rôle fondamentale de la Coccinella Sempunctata dans une agriculture propre et pérenne, ne désherbez pas trop les pieds des haies par exemple (gîte pour l'hiver) et surtout, pas d'insecticide ! En tuant les pucerons, vous éradiquez par la même occasion l'aliment essentiel de cette "Bête à bon Dieu"...


* La distinction prend en compte d'autres indicateurs morphologiques (la tête, les pattes, le tarse...), une même espèce comptant plusieurs livrées, comme la coccinelle à 10 points dont on a dénombré plus d'une dizaine de formes dans le seul département de La Manche en Normandie. 

** La légende raconte qu'au Moyen Age, un homme, qui allait être décapité pour un acte qu'il n'avait pas commis, eut la vie sauve grâce à l'intervention d'une coccinelle : bien que le bourreau l'écartait du cou du condamné, elle revenait sans cesse. Finalement, ce signe fut interprété comme une intervention divine, l'homme eut la vie sauve et la coccinelle fut affublée de l'expression "bête à bon Dieu".

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